MON POSITIONNEMENT DE PSYCHOTHÉRAPEUTE FACE AU PATIENT
La demande de changement
Cette question de la demande d’aide est aujourd’hui trop vite agrippée par des professionnels vendeurs de changements miraculeux.
Elle doit pourtant faire l’objet de la plus grande attention en même temps que de la plus fine analyse. La question de la demande des patients est essentielle.
Cette demande est à décrypter et à travailler avant tout.
En effet, derrière la demande d’aide, parfois floue ou encore suggérée, il est important de définir les véritables difficultés et besoins de la personne.
Changer ? Psychothérapie et changement
Il y aurait beaucoup à dire également de la notion de changement …
Les notions de changement sont aujourd’hui confondues avec l’idée de changements adaptatifs rapides à des normes. Prédomine alors l’idée d’un avant et d’un après (avant et après un régime diététique par exemple).
Et l’on oublie que le plus intéressant se trouve « pendant », dans cette phase de découverte de soi, de ses compétences, de ses limites, de ses contradictions.
Nous parlerons du changement au sens d’un cheminement existentiel, au sens d’une mise au travail de nos représentations subjectives de nous-mêmes et du monde où nous questionnons notre place.
Il ne s’agira pas d’être plus « performant », mais de comprendre de quoi l’on est fait pour mieux s’accepter. Quels sont nos freins et pourquoi ? et à partir de là, pouvoir mieux développer ses compétences et s’épanouir.
Le changement, c’est aussi l’expérimentation sans garantie du résultat.
C’est accepter d’entrer progressivement dans une remise en question et parfois aussi une mise en discipline profonde de soi-même, avec une satisfaction globale d’avoir expérimenter un autre regard, un autre comportement, quel qu’en soit le résultat.
Le changement ne devrait pas avoir rapport avec les notions de réussite ou d’échec. Pour les explorateurs, ce n’est pas seulement la destination qui importe mais aussi le chemin et comment il nous transforme.
Aujourd’hui, le bonheur rime avec « toujours plus » (plus d’amis, plus d’argent, plus de loisirs, de sensations, …). Et si le bonheur existait aussi avec « moins » ?
N’est-il pas souvent bénéfique de se délester d’héritages personnels finalement trop lourds ?
Et s’il était possible de se décaler d’une pression sociale où il s’agit à tout prix d’avoir son heure de gloire, d’être un bon parent ou de se montrer ambitieux et combatif ?
L’être humain n’a jamais paru aussi peu satisfait depuis que son individualité est priorisée. Cette quête individuelle se confond aujourd’hui avec une volonté de reconnaissance constante de nos besoins par autrui. Mais l’Autre, lui aussi, veut la même chose pour lui-même.
Vous comprendrez l’impossible équation de cette illusion.
L’expérience m’a également régulièrement montrée que des changements résultaient le plus souvent de l’acceptation de soi et de ses propres contradictions. Cela permet de renoncer à un changement « utopique » pour ensuite accéder à un changement «réaliste».